novembre 2023
recherche architecturale et urbaine proposée au pavillon de l’arsenal dans le cadre du concours faire 2023
lume architectes x superbueno studio x atelier mayeul gauvin
Carte blanche
L’année 2023 marque un tournant dans la manière dont le réchauffement climatique sera abordé à Paris et plus largement en Île-de-France dans les années futures. A la lumière du récent rapport « Paris 50° » produit par Alexandre Florentin, conseillé à la mairie de Paris, et du dernier PLU bioclimatique, le projet Carte Blanche se propose d’explorer le potentiel des couleurs de la ville et de ses espaces publics comme source du confort de vie métropolitaine vis-à-vis de conditions climatiques de plus en plus difficiles.
Pour mener à bien cette ambition, la présente étude s’articule autour d’une donnée centrale qui caractérise chaque surface physique ; l’albédo. Il s’agit d’une valeur physique sans dimension et donc facile à aborder par le grand public, mesurée de 0 à 100, qui définit la quantité de lumière solaire incidente réfléchie par une surface. Plus une surface est claire et son albédo élevé, plus elle réfléchit les rayonnements solaires. A l'inverse, plus un corps est sombre, plus il les absorbe. Le phénomène de réflexion, et donc de non-absorption, est intimement lié à celui des îlots de chaleur urbains.
La pertinence de l’albédo comme prisme d’analyse de ces îlots a mené trois députés écologistes à présenter un amendement (n°2080) en décembre 2022 destiné à en faire une composante de la politique urbaine de la ville. L’amendement a été massivement rejeté, essentiellement sous des prétextes technocratiques, ce qui révèle notamment l'inefficacité d’appliquer une doctrine sans une évaluation énergétique, urbaine et architecturale globale.
En tant qu’architectes, ingénieurs, artistes et habitants de la ville de Paris, nous abordons la métropole comme un ensemble de surfaces horizontales, verticales, obliques, minérales ou organiques, anciennes ou récentes, foncées ou claires. Elles sont le reflet d’une géographie, d’un patrimoine, d’une architecture, et façonnent l’identité parisienne.
Paris possède un patrimoine construit nuancé de gris, teinté de tonalités pierre et ocre malgré certaines touches de couleurs plus claires voire blanches. Comment Paris peut-elle s’éclaircir sans se dénaturer pour qu’humains, animaux et végétaux puissent continuer à vivre confortablement ses boulevards, rues, places et terrasses ?
L’usage de la couleur en architecture revêt des enjeux divers selon les climats et les cultures. La teinte de la ville et sa matérialité répondent à des problématiques singulières et propres à chaque lieu. L’époque nous pousse à repenser la colorimétrie de la ville et à interroger la cartographie des modèles urbains et architecturaux traditionnels. Il s’agit de nous inspirer des systèmes méridionaux pour adapter nos urbanismes septentrionaux dans le respect d’une tradition locale.
Cette démarche colorimétrique est également l’opportunité de repenser des enjeux plus larges liés à l’espace public, à la convergence de l’architecture, de la géographie et de la sociologie : que génère un espace public éclairci sur notre perception de la ville ? Sur le bien-être de la faune et de la flore ? Qu’est-ce qu’une surface hospitalière ? Pérenne ? Comment la couleur de la ville éveille-t-elle nos sens et révèle-t-elle des usages inédits ?
Si la question du pourquoi trouve une réponse évidente, les questions liées au comment et à la faisabilité d’une telle opération restent quant à elles à explorer. Ces problématiques prospectives, à la convergence de l’ingénierie et de l’architecture, sont l’objet de notre projet, Carte Blanche.